Deux ans après son inauguration du temps d’Alstom, l’usine General Electric de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire, tourne à plein régime. Première unité de production de turbines d’éoliennes offshore en France, elle vient d’expédier les premières nacelles d’Haliade 150 destinées au champ allemand Merkur. Le transbordement sur un cargo a été assuré depuis le nouveau quai à colis lourds aménagé par le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire dans le cadre de l’extension du terminal conteneurs et marchandises diverses (TMDC) qui borde l’usine GE.
Les premiers lots de nacelles livrés pour le projet Merkur (© : GE)
Deux lots de six machines chacun déjà partis
Un premier lot de six de ces machines de 6 MW est parti de l’estuaire de la Loire le 4 novembre et a rejoint trois jours plus tard le port néerlandais d’Eemshaven, qui sert de base logistique à Merkur. Un second lot de six nacelles, parti lundi, est arrivé hier. Deux autres expéditions sont prévues prochainement, un total de 24 nacelles devant être transférées aux Pays-Bas d’ici la mi-décembre. Les éoliennes seront assemblées à Eemshaven, les turbines réalisées à Montoir recevant notamment chacune trois pales de 73.5 mètres produites par LM Wind Power à Catellon (Espagne), d’où vient de partir une première série.
L’installation en mer doit commencer début 2018
Une pause dans les livraisons est ensuite prévue cet hiver, pour des questions d’organisation et de logistique concernant la construction du parc Merkur, qui comprendra en tout de 66 éoliennes. Les machines, qui seront embarquées sur un navire d’installation à Eemshaven, devraient commencer à être installées en mer en février prochain. C’est à cette période que les autres Haliade actuellement en fabrication à Montoir seront transférées aux Pays-Bas, les 42 nacelles restantes devront être sur place au printemps prochain (les convoyages, soumis aux aléas météo, devraient se dérouler sur une fenêtre s’étalant de février à juin). L’installation en mer des éoliennes, qui dépend elle aussi des conditions extérieures, se poursuivra normalement jusqu’à l’automne en vue d’un raccordement au réseau électrique à partir de la toute fin 2018.
Installé en mer du Nord, au large des côtes néerlandaises et allemandes, Merkur est implanté à 45 kilomètres du littoral, sur une surface de 39 km². Les 66 machines, installées sur des fondations monopiles par des profondeurs d’eau de 27 à 33 mètres, offriront une puissance totale de 396 MW.
Embarquement sur cargo, à Montoir, d’une nacelle destinée au projet Merkur (© : GE)
Premier gros contrat après quelques livraisons aux USA, au Danemark et en Chine
Merkur est pour mémoire le premier contrat pour un parc commercial de GE, qui a précédemment travaillé sur des machines destinées à des projets expérimentaux ou des parcs pilotes. En 2016, cinq Haliade ont ainsi été produites pour le champ américain Block Island, une autre étant livrée à EDF Energies Nouvelles pour le site d’essais en mer d’Osterild, au Danemark. Montoir a également produit trois nacelles pour un parc pilote au large de la province chinoise du Fujian, où elles devraient être installées à partir du mois prochain. Comme Block Island aux Etats-Unis, ce contrat est très important pour l’industriel qui cherche évidemment à se positionner sur les marchés émergents à l’export, qu’il s’agisse de projets d’éoliennes posées ou flottantes. A ce titre, de nombreux experts estiment que l’Asie, Chine en tête, devrait devenir la zone la plus dynamique de la planète.
Alors que des discussions se poursuivent sur différents projets internationaux, c’est cependant le marché français qui doit, en attendant, prendre la relève et assurer pour plusieurs années le plan de charge de l’usine de Montoir, où GE emploie désormais 150 personnes et qui représente 400 emplois avec la sous-traitance.
L’usine GE est située au niveau du terminal roulier de Montoir (© : NSNP)
Au moins 242 turbines attendues pour le marché français
En plus des quatre Haliade 150-6MW destinées à la ferme pilote d’éoliennes flottantes de Groix-Belle-Ile (2020), l’entreprise a pour mémoire été retenue pour équiper les parcs développés par EDF EN au large de Guérande (80 machines, 480 MW), Fécamp (83 machines, 498 MW) et Courseulles-sur-Mer (75 machines, 450 MW). Ces trois parcs représentent donc, en tout, 238 turbines à produire, pour une puissance totale de 1428 MW. Mais ces projets, attribués en 2012 et qui feront partie des premiers parcs éoliens offshore dans l’Hexagone, ont été largement retardés par des complexités administratives et de nombreux recours d’opposants. Les contrats ne sont donc toujours pas attribués, au grand dam des industriels qui développent cette nouvelle filière tricolore dans laquelle vont être investis des milliards d’euros. Les premières signatures sont espérées en 2018 et, à vrai dire, il n’y a plus vraiment le choix. Pour GE notamment, c’est même une impérieuse nécessité car son usine de Montoir, qui réserve des capacités pour les projets français obligés d’aller vite une fois débloqués, n’a pour l’heure plus rien dans son carnet de commandes après Merkur.
Quatre des cinq éoliennes du parc américain Block Island (© : DEEPWATER WIND)